Le Parlement britannique adopte un projet de loi pour expulser les migrants vers le Rwanda.

author
2 minutes, 42 seconds Read

Annoncée il y a deux ans par le gouvernement conservateur de Rishi Sunak, cette loi hautement controversée est présentée comme une mesure phare de sa politique de lutte contre l’immigration clandestine. Adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali qui prévoit le versement de sommes substantielles au Rwanda en échange de l’accueil des migrants, le texte débattu lundi au Parlement visait à répondre aux conclusions de la Cour suprême, qui avait jugé le projet initial illégal en novembre dernier. Or si le Rwanda se présente comme l’un des pays les plus stables du continent africain, son président Paul Kagame est accusé de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression.

Une manœuvre dilatoire connue sous le nom de «ping-pong parlementaire». Les Lords ont notamment voulu exiger que le Rwanda ne soit pas considéré comme un pays sûr jusqu’à ce qu’un organisme de contrôle indépendant le dise. Ils souhaitaient également que les agents, les alliés et les employés du Royaume-Uni à l’étranger, y compris les Afghans qui ont combattu aux côtés des forces armées britanniques, soient exemptés d’expulsion.

Plus tôt lundi, Rishi Sunak avait assuré que son gouvernement était *«prêt»* à expulser des demandeurs d’asile vers le Rwanda d’ici 10 à 12 semaines, une fois la loi adoptée. L’enjeu est aussi électoral pour le premier ministre, au pouvoir depuis 18 mois, alors que les conservateurs sont donnés largement perdants des élections législatives qui se profilent. *«Nous sommes prêts»*, *«ces vols décolleront, quoi qu’il arrive»*, a martelé dans la matinée le premier ministre lors d’une conférence de presse.

Le gouvernement a mobilisé des centaines de personnels, notamment des juges, pour traiter rapidement les éventuels recours des migrants illégaux, et débloqué 2.200 places en détention pour eux en attendant que leurs cas soient étudiés. Des «avions charter» ont été réservés, a ajouté Rishi Sunak, alors que selon des médias le gouvernement a peiné à convaincre des compagnies aériennes de contribuer aux expulsions. Aucune cour étrangère ne nous empêchera de faire décoller les avions.

Le projet de loi du gouvernement est fortement critiqué par l’opposition travailliste, des associations d’aides aux migrants, le chef de l’Église anglicane et jusqu’à au Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Volker Türk, qui a estimé qu’il va *«à l’encontre des principes fondamentaux des droits humains»*. Lundi, les rapporteurs spéciaux auprès des Nations unies sur le trafic d’êtres humains, sur les droits des migrants et sur la torture ont prévenu que les compagnies et autorités aériennes qui faciliteraient les vols concernés *«pourraient être complices d’une violation des droits humains protégés au niveau international»*. Dans une déclaration à l’AFP le directeur général de l’organisation Care4Calais Steve Smith a jugé le plan *«impraticable»*, *«brutal»* et *«qui ne réussira pas à mettre fin aux traversées de la Manche»*.

Le gouvernement devrait *«se concentrer plutôt sur la tâche vitale consistant à traiter les demandes d’asile de manière juste et rapide»*, a aussi réagi Enver Solomon, du Refugee Council.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *