Le soir même, le locataire de Beauvau annonçait, sur X, le départ pour son pays d’origine de ce *«prêcheur de haine»*, condamné pour provocation à la violence envers la communauté juive. Les avocats de l’imam n’ont pas de nouvelles de celui-ci, mais une source porche du dossier confirme au *Figaro* que l’imam a bien pris l’avion vendredi après-midi et a atterri en Algérie le soir même. *«Je n’ai aucune nouvelle. Et sa famille pas davantage»*, a déclaré l’un de ses conseils, M e Jean Iglesis.
Il avait pris la direction deux ans après son arrivée de la mosquée Al Nour à Toulouse, dans le quartier d’Empalot. Dans ce lieu de culte qu’il a en partie fondé, il assurait depuis les prêches en tant qu’imam détaché algérien, explique la [Dépêche du Midi. En 2002 et 2007, deux demandes de naturalisation lui sont refusées pour *«absence d’efforts d’intégration». *
À l’issue de près de 13 ans de travaux, la mosquée Al Nour est inaugurée en juin 2018 par une cérémonie officielle.
Sont notamment présents le maire LR Jean-Luc Moudenc, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, ou encore le directeur de cabinet du préfet de Haute-Garonne, Marc Tschiggfrey. Quelques jours plus tard, l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI) diffuse une vidéo dans laquelle Mohamed Tataï, lors d’un prêche, prononce en arabe devant ses fidèles un hadith sur *«la bataille finale décisive»* qui doit opposer musulmans et juifs. *«Le jour du Jugement ne viendra pas jusqu’à ce que les musulmans combattent les juifs»*, clame le hadith (parole de Mahomet retranscrite par la tradition musulmane) cité par l’imam. Dès le mois de septembre suivant, une procédure judiciaire est ouverte.
L’imam est relaxé une première fois par le tribunal correctionnel de Toulouse. Il est néanmoins condamné en appel à quatre mois de prison avec sursis. Dans sa décision, la Cour d’appel relève que l’imam *«n’a donné au hadith aucune explication qui aurait permis d’en faire une autre lecture que celle de l’appel, textuel, au meurtre des juifs»*. Saisie d’un pourvoi de l’intéressé, la Cour de cassation, en décembre 2023, a confirmé cette condamnation.
Par le biais d’un communiqué de la Grande mosquée de Paris en 2018, l’homme de foi s’excuse *«profondément auprès de ses amis de la communauté juive de Toulouse et de France»*, et pointe une *«interprétation décontextualisée»* de ses propos. Mais ce prêche n’est pas le seul fait reproché à l’imam. Je vous promets que nous serons toujours là.” Puis il a dit – et ça, c’est amusant, c’est amusant – qu’il craint que l’État d’Israël ne dépasse pas l’âge de 76 ans, ce qui est dit dans leurs propres prophéties. Celui-ci a été émis le 15 mars lors d’une commission à laquelle l’imam était présent, puis notifiée quatre jours plus tard à l’intéressé.
En dépit de ce délai, ses avocats dénoncent une décision précipitée à l’encontre de ce père de 6 enfants, marié à une Algérienne. *«Il n’y avait pas d’urgence, il est sur le territoire français depuis 40 ans, il a des enfants, il travaille, il n’a pas fait parler de lui depuis sept ans, et là il se retrouve dans un avion en direction de l’Algérie»*, a réagi auprès de l’AFP M e Jean Iglesis. Pour lui, il s’agit d’une *«expulsion manu militari pour éviter qu’on fasse suspendre l’arrêté»*. Une audience pour examiner une requête en référé des avocats de l’imam à l’encontre de cet arrêté d’expulsion est prévue lundi au tribunal administratif de Paris, a-t-il ajouté.