Face à cette situation inédite, Trump se montre indifférent et agacé. Il n’en fait pas mystère : il donnerait cher pour être ailleurs. En costume et chemise bleus, avec une cravate de la même couleur à rayures, la mine sévère, il s’installe mardi rapidement à sa place, derrière une grande table en bois, pour le deuxième jour de son procès pénal – inédit pour un ex-président américain.
Après de brefs échanges avec ses avocats, il ne paraît se dérider que face aux objectifs des photographes venus le mitrailler avant le début de l’audience. La veille, il avait reproché au juge Juan Merchan, qui a requis sa présence à toutes les audiences (soit quatre jours par semaine), de ne pas l’en avoir exempté d’emblée pour assister à la remise de diplôme de son fils ou suivre une audience qui le concerne à la Cour suprême des États-Unis la semaine prochaine. En cette journée exclusivement dédiée à la constitution du jury de 12 habitants de New York qui décideront de son sort, Donald Trump tourne la tête vers le banc des jurés à sa droite pour les scruter l’un après l’autre.
Réduit de facto au silence, il ne manifeste aucune émotion particulière et paraît parfois s’ennuyer, voire s’assoupir, face à ce défilé parfois répétitif de citoyens anonymes, tranche de la société new-yorkaise, précipités dans ce feuilleton judiciaire à suspense. Après un moment de cette attitude essentiellement passive, Donald Trump entreprend de suivre plus activement les réponses des jurés potentiels, parcourant une copie imprimée du questionnaire. Le magnat de l’immobilier s’anime enfin quand un juré potentiel répond positivement à la question : “Avez-vous lu un ou plusieurs des livres écrits par le prévenu?
“, saluant par un sourire et un hochement de tête approbateur la mention de son ouvrage le plus célèbre, The Art of the Deal. Après cette première phase, lorsque le procureur Joshua Steinglass demande aux 12 jurés présélectionnés s’ils se sentent capables de le déclarer coupable, il incline la tête à plusieurs reprises dans leur direction. Une fois la jurée ressortie, le juge interpelle les avocats de Donald Trump, affirmant que l’accusé a “marmonné” quelque chose et “faisait des gestes” pendant qu’elle parlait.
“Je ne laisserai pas intimider des jurés dans mon tribunal,” leur lance-t-il, les sommant de brider leur remuant client.